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La méthode Pilates pour préparer le Vendée Globe et éviter les blessures

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29/01/21
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La méthode Pilates pour préparer le Vendée Globe et éviter les blessures

Sur-sollicitation des membres supérieurs au détriment des membres inférieurs, durée de l’épreuve, fatigue, répétition des mouvements, port de charges, périmètre limité de l’espace de marche, équilibre instable du bateau… Dans une course telle que le Vendée Globe, les risques physiques, des troubles musculo-squelettiques – les fameux TMS – aux blessures, sont nombreux pour les skippers. On comprend donc tout l’enjeu d’une préparation physique adéquate. Le point avec Christophe Le Ny, professeur de Pilates, préparateur physique d’Isabelle Joschke, qui skippe l’IMOCA MACSF, et lui-même ancien sportif de haut niveau.

II s’agit de développer la capacité du sportif à utiliser l’ensemble de ses muscles pour produire un mouvement, de donner de l'intelligence au mouvement, de la fluidité.

Quels sont les risques physiques pour une navigatrice comme Isabelle dans une épreuve telle que le Vendée Globe ?

Christophe Le Ny : Les risques sont variables. On peut, par exemple, citer les blessures de la coiffe du rotateur, muscle stabilisateur de l'épaule, qui peuvent gêner avant, pendant et après l’épreuve. Il y a aussi la hernie discale ou la lombalgie chronique, qui touche la plupart des skippers. Nombre d’entre eux rencontrent également des problèmes de tendinites au poignet car ils subissent beaucoup les mouvements. Certains peuvent souffrir de cervicalgies liées à leur posture, notamment quand ils dorment, ou de douleurs au niveau de la vertèbre T12, qui est la plus mobile mais aussi la plus petite du corps humain. Et puis les skippers peuvent également se blesser : entorse de la cheville ou du genou suite à une glissade ou une chute, épicondylites et autres lésions des ligaments de l’articulation du coude à force de wincher, de tirer sur des bouts, de matosser…

 

Quelles sont les spécificités de la méthode Pilates, que vous utilisez, par rapport à une préparation plus « classique » ?

Les skippers ont une grande variété de mouvements, probablement la plus intéressante à mes yeux. La première chose avec eux, c'est de faire un diagnostic de posture et de motricité. Je ne regarde pas les défauts mais la façon dont les articulations fonctionnent dans toutes les directions. L'avantage des machines de Pilates, notamment le reformer, c'est qu'elles mettent en lumière les déséquilibres et les axes de travail sur lesquels insister. Je tente d’amener les sportifs qui font appel à moi dans des situations d'inconfort et nous réalisons ensemble un véritable travail de rééquilibrage en insistant sur les muscles postérieurs, qui sont souvent moins sollicités. C’est ce qui va stabiliser l’articulation et prévenir les blessures. II s’agit, en fait, de développer la capacité du sportif à utiliser l’ensemble de ses muscles pour produire un mouvement, de donner de l'intelligence au mouvement, de la fluidité. C’est une réelle économie à l'effort.

 

Isa est la première skipper à avoir cru à cette méthode ; d’autres l’ont suivie. Tous avaient plutôt l’habitude de travailler en force. Or cela ne ménage pas leur dos. On a prouvé, avec Isa, que la force était ailleurs. Mon propos n’est pas de limiter la préparation physique du skipper au Pilates ; il faut, en effet, aussi travailler l'endurance. Mais les skippers doivent revenir aux fondamentaux, à savoir comment effectuer un mouvement sans se faire mal.

 

Comment avez-vous travaillé avec Isabelle pour prévenir ces risques ?

Avec Isa, nous faisons des séances de débriefing après chaque navigation. Nous allons sur le bateau, nous étudions ses mouvements pour bien répartir la charge. Avec les machines Pilates, nous répliquons les mouvements en optimisant l'inconfort. Je lui donne des devoirs pour qu'elle puisse travailler certains points en particulier. Pour moi, l'axe du travail, c'est la colonne vertébrale. Si elle est souple et mobile, pas de problème ! Nous travaillons aussi la respiration. Je provoque beaucoup l'élève dans sa situation de travail, je le mets en situation de difficulté, ce qui permet également de travailler le mental. Isa a compris très vite l'intérêt du Pilates, ça lui a permis de se sentir très vite en sécurité. C'est un outil très précieux. Physiquement, Isa était plus que prête à affronter ce Vendée Globe. Dommage que le mécanique n’ait pas suivi !

 


L'IMOCA MACSF équipé d'un pédalier

 

Parce qu’Isabelle Joschke passe 80 % de son temps à bord à manœuvrer en tournant les manivelles de la colonne, elle a imaginé, avec son équipe, un système de pédalier permettant de soulager son organisme et de gagner en efficacité. « On a les manivelles de colonne à hauteur d’épaules et des pédaliers installés à 20 centimètres au-dessus du sol. Je m’assois dans un siège que je clipse dans le fond du cockpit et je mets les pieds dans les pédales. En gros j’ai à peu près la même position qu’un vélo couché », détaille la skipper. L’intérêt de cet aménagement ? Pouvoir alterner entre les bras et les jambes pour bénéficier d’une source d’énergie supplémentaire dans les manœuvres en utilisant les muscles des jambes, traditionnellement peu sollicités dans une épreuve comme le Vendée Globe.

 

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