Thétâ : une épreuve surmontée 

Seulement 48 heures après le départ, la flotte a dû se préparer à faire face aux aléas de la météo avec l’arrivée imminente d’un front et la traversée inévitable de la dépression Thêta. En prévision de ces épreuves, Isabelle a préféré contrôler ses réglages et procéder à la vérification de son matériel.  

Mais très rapidement, elle a dû faire des choix : "Après 48h de navigation, j’ai décidé d’éviter la tempête qui se présentait devant mon étrave et dont je n’arrivais pas à bien appréhender le déplacement. Faire quasiment demi-tour pour éviter le plus dur, vu la position médiane que j’avais au sein de la flotte, m’a coûté bien cher dans le classement. Il me faut ce vendredi contourner la dépression Thêta qui se creuse à vue d’œil… De quoi sera faite la suite, je ne le sais pas, mais une chose est sûre, c’est que je suis entrée dans l’aventure !"  

Alain Gautier commente ce positionnement stratégique : “Ses choix sont dictés par la fiabilité, elle a pour objectif de limiter les risques. Une fois qu’elle aura passé Theta, les vents seront plus favorables aux foilers, ce qui va lui permettre de revenir au contact des bateaux à dérive qui ont fait un très beau début de course.” 

Finalement, c’est à l’aube du 6e jour qu’Isabelle annonce, soulagée, être parvenue à traverser la dépression qui aura donné du fil à retorde à la flotte. Pourtant, si la décision d’Isabelle s'est faite au détriment du classement, sa prudence lui a permis de préserver son bateau et de passer la dépression Thêta sans trop d’encombres.  

Déterminée et prête à saisir toute opportunité 

Au neuvième jour de course, Isabelle confie avoir profité de sa première véritable nuit de repos. C’est donc avec un nouvel élan d’énergie qu'elle poursuit sa course, déterminée à revenir dans la compétition : “Je me donne à fond, je suis à l’affût de toute opportunité pour pouvoir revenir dans le match. Je ne cache pas que la note était salée, ma prudence m’a couté cher en début de course. Je n’ai pas fait le début de course dont j’avais rêvé, ça n’a pas été facile à vivre et ça ne l’est toujours pas d’ailleurs. Mais c’est marrant”. 
 
Isabelle s’est confiée sur son début de course et sa stratégie : “Comme c’est le Vendée Globe, tout est un peu différent, toute ma façon de réfléchir et d’agir est différente. Le temps va être long, il va falloir faire durer le bateau tout autour du monde. Et il faut que je suive moi-même aussi, il faudra être en forme en entrant dans les mers du Sud. Donc je prends plus de temps pour réfléchir avant d’agir. Il faut faire des compromis, je pense que le Vendée Globe est une histoire de compromis”.  

D’un point de vue technique, Alain Gautier relève quelques problèmes sur le bateau, notamment un problème de girouette, mais conserve son optimisme : “Techniquement, des petits détails doivent être réglés, ce qui oblige Isa à bricoler, probablement comme tous les skippers. Point positif, elle cherche à régler les problèmes rapidement. C'est l'une des clés d'un Vendée Globe”.  

Les yeux rivés vers le Pot au Noir 

Au soir du 10e jour, Isabelle pointe 16e au classement à environ 13 nœuds. Elle a désormais dépassé les îles du Cap Vert et poursuit sa descente vers le sud, avec en ligne de mire, le passage redouté du Pot au Noir, “le lieu de tous les possibles” selon Isabelle. Pour Alain Gautier, le prochain objectif est clair : “Le futur : le Pot au Noir, qui a l'air assez clément, mais dont il faut toujours se méfier.”