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08/04/21Isabelle Joschke post Vendée-Globe : “Aujourd’hui, j’ai retrouvé le confort de la vie à terre”
À quelques jours de vacances bien méritées, nous avons rencontré Isabelle Joschke pour nous entretenir sur les bouleversements de la vie sur terre d’un marin après avoir vécu 107 jours en mer. La skipper MACSF se confie sur son état de santé et son besoin de faire une pause.
C’est vrai que la vie à terre et les gens qui en font partie constituent comme une bulle et c’est précisément ce qui m’a manqué. - Isabelle Joschke
Comment apprécies-tu le contraste entre la course en mer et ton retour à la vie sur terre ?
“Après avoir passé de longues semaines sans jamais vraiment retirer mon ciré et mes bottes pour pouvoir bondir sur le pont au moindre signal d’alerte, la vie à terre est un vrai bonheur. J’apprécie encore plus qu’avant tous les moments de détente et de convivialité, le silence et la stabilité du sol. Des choses toutes simples.”
Quel impact le Vendée Globe a-t-il eu sur ta condition physique ?
“C’est difficile à mesurer de manière objective. Ce qui est sûr c’est qu’à un moment donné, dans les mers du sud, j’avais perdu énormément de poids. Je suis revenue, paradoxalement, avec moins de masse musculaire qu’à mon départ. Globalement, il faut reconstruire des fibres musculaires et les assouplir. Là, je ne me verrais pas faire de grands exploits sportifs. De manière générale, je me sens plutôt bien, mais j’ai régulièrement des coups de fatigue et de grosses envies de sieste. À mon avis, si je ne récupère pas suffisamment, c’est la porte ouverte à de futures blessures, tendinites, voire des maladies chroniques. L’enjeu est là.”
As-tu prévu un programme de remise en forme ou privilégies-tu le repos pour l’instant ?
“Mon programme de remise en forme commence précisément par du repos. On ne mesure jamais assez combien la récupération fait partie de l’entraînement et de la performance. Dans un premier temps, j’ai décidé de rester quelques semaines auprès de mon équipe pour prendre le temps de faire tous les retours et bilans nécessaires. Mais je m’accorde des plages de repos et je reçois des soins en fasciathérapie, en acupuncture et des massages. Je vais au sauna, je prends des bains de mer, et j’ai repris la méditation ainsi que le Pilates. En avril-mai, je prévois un mois et demi de congés incluant à la fois du repos et du sport, comme le ski de randonnée et la marche. Des sports de fond, c’est cela dont j’ai besoin pour le moment et surtout, de couper de la voile.
Fin mai, je reprendrai mon programme de préparation habituel, avec du Pilates quotidiennement, de la course à pied, et surtout des entraînements à bord de mon IMOCA.”
Le sommeil en mer est très fragmenté, comment dors-tu depuis ton retour sur terre ?
“J’ai assez vite retrouvé mon rythme de sommeil. Je dors environ 7 heures, mais je traîne au lit pour me reposer. J’ai l’habitude de passer d’un rythme à l’autre.”
Aujourd’hui, le Vendée Globe ne se fait plus totalement en solitaire du fait des nouveaux moyens de communication ; est-ce que paradoxalement, le retour sur terre t’a-t-il permis de retrouver une bulle ?
“Le retour à terre m’a permis de retrouver mes proches et mon équipe en vrai. La convivialité m’a manqué. C’est vrai que la vie à terre et les gens qui en font partie constituent comme une bulle. Et c’est précisément ce qui m’a manqué, car même si je les sentais proches, j’avais une actualité totalement décalée. En ce sens, j’ai aujourd’hui retrouvé le confort de la vie à terre. “
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