Une déception digérée 

Après la pluie vient le beau temps… Si son abandon contraint sur le Vendée Globe a été difficile à digérer pour Isabelle, les quinze jours qui ont suivi lui ont permis de prendre de la hauteur sur ce qu’elle avait vécu et accompli. C’est aujourd’hui avec un œil nouveau qu’elle appréhende les événements.   

« Je voulais prendre le temps de regarder mon Vendée Globe de l’extérieur. Ce n’est jamais vraiment facile tant la course est prenante, on est collé dedans. J’ai eu besoin de me reposer, de retrouver mes esprits et du calme pour poser un regard sur tout ce qui s‘est passé. Je pense que ce n’est pas fini et que ce travail va durer encore un moment. C’est assez énorme un tour du monde en réalité. C’est riche en découvertes, en apprentissage et en émotions. J’ai appris à me faire confiance dans les situations délicates pour trouver des solutions, soutenue par mon équipe, à avoir l’énergie nécessaire pour régler un problème… Au fur et à mesure que la course avançait j’avais l’impression que je mettais moins de temps à rebondir. Si je devais résumer, je me sens plus forte. La déception est encore un peu présente. Cela me fait un peu mal au cœur de voir cette bataille de loin pour la victoire et de me dire que je n’en fais pas partie. Et en même temps je suis parvenue à passer à autre chose car mon histoire est belle. J’ai la chance d’avoir une équipe d’enfer. Avec notre sponsor on a porté un super projet. Je ne peux pas regarder cela en faisant la grimace. Je n’en ai pas le droit ».  

L’IMOCA MACSF entre de bonnes mains 

Depuis l’arrivée d’Isabelle à Salvador de Bahia, le team technique est sur le pont pour évaluer les réparations et Isabelle a dû concéder à laisser son bateau aux mains des experts : « Dimanche (ndlr : 24 janvier), une fois MACSF amarré, on a rangé les voiles. Lundi (ndlr : 25 janvier) tout le monde était sur le pont très tôt pour débuter le diagnostic, évaluer ce qui est réparable et ce qui ne l’est pas. Cela va prendre un peu de temps. Les garçons ont commencé à démonter des pièces et ils vont rapidement prendre contact avec des entreprises locales qui vont les usiner afin de pouvoir réaliser les travaux nécessaires. Voir mon bateau de loin crée un sentiment étrange. J’étais dessus durant deux mois et demi, c’était mon compagnon, celui qui me protégeait. J’étais contente de le retrouver lundi matin. J’avoue que j’ai eu un peu de mal à le quitter ».  

Premier à monter à bord, Alain Gautier, le team manager, a plongé sous la coque pour examiner la quille et l’équipe technique a commencé à démonter certaines pièces comme l’axe de tête de quille afin d’accéder à l’œil de la tige du vérin hydraulique. Si l’heure est à l’expertise, l’objectif du team est clair : faire tout son possible pour réparer MACSF.  

Un espoir de pouvoir boucler son tour du monde ? 

Pour Isabelle, l’IMOCA MACSF n’en a pas fini avec son tour du monde… Si les réparations sont possibles, elle espère pouvoir reprendre la mer pour ramener son bateau aux Sables d’Olonne et boucler symboliquement son aventure. La navigatrice engrange donc un maximum de repos et pose un regard optimiste sur la suite des événements.  

 « Je suis persuadée que l’on va pouvoir réparer. Mon objectif est de me reposer, de faire un break pour partir avec le plus de fraîcheur mentale. Il s’agit d’une transat, ce n’est pas rien même si cela peut paraître facile au regard de tout ce qui a déjà été fait. Les conditions s’annoncent compliquées : il y aura beaucoup de vent de près et certainement des tempêtes en approchant des côtes françaises. Il faut que je sois en forme pour boucler la dernière étape de mon aventure ». 

A l’heure où certains skippers s’apprêtent à rejoindre les Sables d’Olonne, une nouvelle aventure s’engagera peut-être, dans les prochains jours, pour Isabelle Joschke.