Le Vendée Globe a prouvé la légitimité des femmes dans le sport de haut niveau. Au cours de ces dernières années, avez-vous remarqué une réelle évolution concernant la représentation de la femme dans le sport et la voile ? 

Isabelle Joschke : La légitimité des femmes a déjà été prouvée par le passé. Nous avons eu de grandes navigatrices, certes peu nombreuses mais extrêmement talentueuses. Par rapport à la proportion des femmes dans les courses, on peut considérer qu’elles sont largement aussi performantes que les hommes. Depuis quelques années, on parle davantage des femmes dans le sport. En parler c’est une chose, mais transformer une tendance à l’échelle de la société, c’est autre chose. Cela prend du temps. Récemment, les médias ont mis en avant le fait que nous étions 6 participantes lors du dernier Vendée Globe, comme une avancée exceptionnelle. Or 6 femmes sur 33 participants, à mon sens, cela reste trop peu. J’ai parfois l’impression qu’on a vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Il y a certes eu, dernièrement, des efforts pour augmenter le nombre de régatières et de coureuses au large, mais le déséquilibre est tel que nous avons encore du pain sur la planche. Lorsque le public trouvera naturel qu’une femme remporte une course, on aura évolué. Aujourd’hui, ce n’est pas encore le cas. 

Quelles sont vos sources de motivation pour atteindre vos objectifs de course ?  

Dans un sport mixte, les femmes et les hommes ont les mêmes objectifs. De ce point de vue-là, nous sommes égaux. L’erreur, en tant que femme, c’est de se comparer. Nous avons moins de force physique, donc on pourrait penser qu’il nous faut redoubler d’efforts pour atteindre les mêmes performances. J’ai longtemps fonctionné comme ça, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Mes sources de motivation viennent, au contraire, de l’envie de faire à ma manière, en tant que femme, tout en ayant des objectifs aussi ambitieux que les autres concurrents. 

Selon vous, quelles sont les compétences requises pour devenir un bon skipper ?  

Je pense qu’il faut tout d’abord de l’engagement et de la volonté. Mais également de l’humilité et une grande résilience. Il faut aimer dépasser ses limites. Dépasser ses limites peut être une vraie source de plaisir, qui peut se faire dans le respect de soi. C’est ainsi qu’on gagne en confiance. 

Quelles actions avez-vous mises en place avec Horizon Mixité ? De nouvelles actions sont-elles prévues prochainement ? 

L’association Horizon Mixité œuvre en faveur de la mixité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines de la société. Depuis sa création en 2012, nous agissons au travers d’interventions diverses auprès d’un large public. L’association a par ailleurs été le premier relais de la campagne de l’ONU HeForShe en faveur de l’égalité des sexes, en 2014. Ces dernières années, nous intervenons auprès des écoles primaires, notamment à l’aide d’un kit pédagogique confectionné par nos soins, et nous organisons des sorties voile et régate pour des équipages, soit féminins, soit mixtes, dans le but de permettre aux femmes de prendre confiance en elles dans leur rôle d’équipières. La MACSF nous soutient sur ce volet-là en finançant la participation de deux équipages féminins issus du monde de la santé au Spi Ouest France. Ce sera, cette année, notre troisième édition.   

Si vous deviez donner un conseil aux femmes qui souhaitent devenir sportives professionnelles, quel serait-il ?  

Faites-vous confiance et osez !