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05/12/23Retour à La Base : « Je retrouve les joies de la navigation en solitaire »
Après 6 jours de course, Isabelle Joschke maintient le rythme soutenu des meneurs du Retour à la Base tout en progressant rapidement vers l'Est. Après avoir navigué à travers les courants chauds des Caraïbes, la skipper MACSF explore depuis quelques jours un tout autre environnement, celui des dépressions hivernales, qui la dirigent vers le continent européen. Actuellement à la quatorzième position au cours de cette sixième journée de course, l’IMOCA MACSF avance avec un vent arrière d'environ vingt nœuds.
Cette course est un excellent entraînement pour les deux prochaines grandes dates, The Transat CIC et le Vendée Globe. J’apprends à gagner en sérénité et en expérience. Cet apprentissage me tient à cœur et il sera primordial pour ces prochaines échéances. Je retrouve les joies de la navigation en solitaire, ça fait du bien ! – Isabelle Joschke, skipper MACSF
Un Retour à la Base entre défis météorologiques et stratégiques
Au cours de cette sixième journée de compétition, il était crucial de ne pas négliger l'opportunité offerte par la dépression, qui semble très probablement ouvrir à Isabelle la voie pour traverser l'Océan Atlantique dans le même système dépressionnaire venant du Sud-Ouest. Quatorzième au classement général provisoire, la navigatrice accumule les milles et s'efforce de rester dans une zone où les conditions lui permettent de naviguer à vive allure tout en ménageant à la fois son bateau et elle-même. Après avoir effectué deux changements de cap cette nuit, la navigatrice poursuit sa trajectoire plein Est, visant le renforcement des conditions météorologiques à venir et le franchissement imminent de la première porte aux Açores. Isabelle témoigne : « Je trouve que le temps passe vite. J’ai pu profiter des premières journées où le bateau évoluait plein Nord vite et bien, mais depuis deux jours, les conditions sont devenues plus difficiles. J’ai eu quelques grains qui m’ont obligée à manœuvrer, et je dois dire qu’avec mon gabarit, ce n’était pas évident. Par exemple, pour hisser le grand gennaker, cela me prend entre 40 et 45 minutes, et passer du grand au petit gennaker, 1h40. Il faut ensuite déplacer les voiles à l’arrière du bateau qui tape pas mal, c’est un sacré engagement. Je suis consciente que je n’ai pas autant de force que les autres mais je m’adapte. Il faut que je sois très méthodique dans ces manœuvres afin de ne pas m’épuiser. »
D’autant plus que les conditions météorologiques vont se durcir, nécessitant d'Isabelle une concentration et une dépense d'énergie bien plus importantes : « Je tente de rester dans un flux acceptable entre 20 et 30 nœuds car, si je monte trop, le vent sera de plus en plus fort, et ce ne sera pas bénéfique pour le bateau. Il ira moins vite et enfournera. Je sais que les conditions vont se durcir, et je m’y prépare en me préservant et en gardant des forces. Il va bien falloir négocier cette transition. Cette course est un excellent entraînement pour les deux prochaines grandes dates, The Transat CIC et le Vendée Globe. J’apprends à gagner en sérénité et en expérience. Cet apprentissage me tient à cœur et il sera primordial pour ces prochaines échéances. Je retrouve les joies de la navigation en solitaire, ça fait du bien ! »
Cette voie en apparence directe vers Lorient exige malgré tout quelques ajustements de cap, avec les deux passages obligés aux portes des Açores et au large du Cap Finisterre. Bien que ces deux passages soient larges, ils exigent une anticipation stratégique dans le positionnement.
Les prochaines heures seront déterminantes dans cette transatlantique qualificative pour le Vendée Globe 2024. Isabelle devra trouver un équilibre délicat entre la performance et la sécurité. Elle devra notamment choisir entre conserver sa position enviable dans la flotte au prix de risques accrus en raison des conditions météorologiques prévues, ou adopter une approche plus prudente pour assurer une qualification pour le Vendée Globe, en accumulant les miles nécessaires. La réponse se dessinera dans les jours à venir...
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Ce jeudi 30 novembre 2023 n’était pas un jour de départ ordinaire à Fort-de-France, en Martinique. Quitter les Caraïbes pour regagner la France par l’Atlantique Nord début décembre est loin d’être une traversée anodine. Sur ce Retour à la Base, une navigation de 3500 milles engagée et engageante s’ouvre devant Isabelle Joschke et son IMOCA MACSF, venant ainsi clôturer une saison bien chargée. Un nouveau défi en solitaire que notre navigatrice a démarré de belle manière en pointant en cinquième position au passage du Diamant.