A l’occasion d’une conférence organisée le 25 janvier par la MACSF, en collaboration avec le CHU d’Amiens, la skipper de l’IMOCA MACSF, Isabelle Joschke, s’est confiée sur son expérience de la gestion du stress, du sommeil et de l’alimentation. Au total, ce ne sont pas moins d’une centaine de soignants qui ont assisté à l’événement.  

Un effet miroir

Stress, sommeil et nutrition sont des problématiques d’intérêt général, particulièrement incontournables pour les sportifs de haut niveau et les professionnels de santé. Isabelle Joschke souligne ainsi l’effet miroir entre le milieu de la voile de compétition et celui de la santé.  

La gestion du stress est notamment une problématique centrale pour un skipper, « je dirais même que c’est un sujet qui nous concerne tous et qui vous concerne tout particulièrement dans vos métiers », introduit Isabelle. « Je ne m’en étais pas rendu compte avant de participer au Vendée Globe mais le stress est ce qui m’a le plus impactée ».  En mer, confrontée à des petits pics de stress, à l’inquiétude constante ou à de grosses frayeurs, la skipper sait pour autant qu’elle doit souvent agir vite, à l’instar des professionnels de santé en situation d’urgence : « Il y a quelque chose que vous devez vivre aussi dans vos métiers, c’est le fait de devoir faire face à l’urgence, à chaque instant, être tout le temps dans l’imprévu. A bord, la météo ne prévient pas, ce sont les avaries qui décident si je peux dormir ou manger. Il m’arrive souvent d’être profondément endormie et de devoir me lever pour être sur le pont en quelque secondes », confie-t-elle.  

Si la gestion du stress est primordiale pour Isabelle, le sommeil en est une variable intrinsèque : « Pendant des années, je ne pouvais pas dormir à bord de mon bateau, même si j’étais épuisée parce que j’étais en hyper vigilance. Puis, un jour, j’ai eu un déclic. Je me suis dit que je devais accepter le risque et passer au-dessus. Maintenant, je réussis à dormir ». D’autant que lutter contre le sommeil peut rapidement devenir dangereux : « La privation de sommeil peut avoir des conséquences sur la réactivité, sur la capacité à réfléchir vite, à prendre de bonnes décisions. Mais ce qu’il faut bien voir, c’est qu’on ne peut pas s’entraîner à dormir moins. Nous avons un besoin minimum de sommeil, nécessaire chaque jour, qui varie d’une personne à une autre. Dans le cas d’un skipper, il faut absolument faire le plein de sommeil avant de partir, parce qu’en mer, il y a une grande privation », intervient le Dr. Flamand, somnologue à l’unité du sommeil du CHU d’Amiens. Cette problématique concerne en effet les skippers en mer, mais également les professionnels de santé, exposés régulièrement à la privation de sommeil dans le cadre des gardes ou des horaires décalés.  

Un moment de partage  

Au terme de la conférence, les professionnels de santé de l’hôpital d’Amiens ont pu poser quelques questions à Isabelle Joschke sur sa vie de skipper : « En mer vous être toujours sous adrénaline et sous tension. Quel est votre rapport à la vie normale ? Comment vous abordez le retour à terre et au quotidien ? », « Comment gérez-vous la solitude en mer ? » 

D’autres en ont profité pour noter quelques conseils et astuces de navigateur : « Avez-vous des astuces pour trouver le sommeil rapidement ? », « Qu’est-ce qui vous permet de vous réveiller ? » « Comment ne pas tomber dans un sommeil profond ? », « Comment pratiquez-vous l’auto hypnose ? » 

Enfin, l’événement s’est terminé par un moment d’échange privilégié entre les soignants et Isabelle et une séance de dédicaces.