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31/10/24Le Vendée Globe est une aventure hors du commun, un tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance qui met à l'épreuve la détermination des skippers. En 2020, à bord de l’IMOCA MACSF, Isabelle Joschke a vécu chacune des étapes de cette course avec intensité. La skipper revient sur le parcours et les défis majeurs qui jalonnent cette épreuve.
À chaque étape, symboliquement, c’est comme si je cochais une case : je l’ai fait ! - Isabelle Joschke, skipper MACSF.
Le départ du Vendée Globe inaugure un véritable marathon de trois mois, ponctué d’obstacles divers qui émailleront le parcours du début à la fin. Chaque participant s'engage dans une aventure maritime intense, où les défis climatiques, les caprices des océans et les manœuvres techniques éprouvantes mettront à l'épreuve leur endurance, leur préparation et leur détermination.
Le Golfe de Gascogne, une mise en route éprouvante
Avant de s’élancer vers le grand large, le premier obstacle à franchir est le redoutable Golfe de Gascogne. Pour Isabelle, ce passage en novembre est loin d'être anodin. Elle se souvient : « Il m’a fallu plusieurs jours pour m’acclimater et me dire que je partais pour près de trois mois de course ». Cette première phase est souvent marquée par des conditions météorologiques rudes, qui testent les marins dès le début. « La mer peut être très formée, le vent assez fort et le bateau subit beaucoup », complète-t-elle.
Les Alizés, une parenthèse bienvenue
Après avoir survécu aux tumultes du Golfe de Gascogne, les skippers peuvent profiter d'une phase plus calme en rencontrant les alizés. Ce vent régulier qui souffle du nord-est au sud-ouest dans l’hémisphère nord permet aux skippers d’allonger la foulée en affichant des moyennes très confortables. Garder ce flux le plus longtemps possible est primordial pour se présenter face au redoutable Pot au Noir. Isabelle décrit cette période comme un moment de répit : « La mer n’est pas trop formée, le vent est léger. C’est un passage assez chouette, où on peut recharger les batteries et dormir un peu ». Cette période est essentielle pour se préparer aux prochaines difficultés à venir.
Le Pot au Noir, une zone intense et imprévisible
Le Pot au Noir est l’un des passages les plus redoutés de la course. Situé près de l’équateur, cette zone météorologique est réputée pour ses grains violents et ses zones de calme absolu. Pour Isabelle, c’est un passage difficile : « Ce passage peut être compliqué à cause des nombreux grains, des passages sans vent suivis de rafales. C’est difficile de dormir, les grains arrivent très vite et parfois nous n’avons même pas le temps de réduire ». Cette phase exige des skippers une vigilance constante. Y passer le moins de temps est crucial et indispensable pour continuer sa route.
L’Équateur, un passage symbolique
Franchir l’équateur est un moment marquant du Vendée Globe, symbolisant l'entrée dans l'hémisphère sud. Isabelle décrit ce passage comme une transition importante : « On y retrouve le vent et les alizés. Il faut profiter au maximum des vents portants pour descendre vers la porte d’entrée du sud ». Cependant, après l'équateur, il est crucial de négocier correctement l’anticyclone de Sainte-Hélène pour maintenir un bon rythme de course.
Le Cap de Bonne Espérance : la porte des mers du sud
Le Cap de Bonne Espérance, situé en Afrique du Sud, est un point charnière dans le parcours du Vendée Globe, marquant l’entrée dans les mers du sud. Isabelle raconte : « Au Cap de Bonne Espérance je suis déjà dans les mers du sud et au sud des quarantièmes rugissants. Quand je le croise, je fais quasiment mon entrée dans l’Océan Indien qui, je le sais, ne sera pas facile. On croise le courant des Aiguilles qui génère une mer difficile et la présence des baleines ajoute une grande part de risque ». C'est le début d'une nouvelle phase où les skippers affrontent des conditions plus dures et une solitude plus pesante.
L’Océan Indien, une traversée longue et difficile
L’Océan Indien est l’une des étapes les plus longues et inconfortables du parcours. Isabelle souligne à quel point cette traversée est rude : « Cet océan peut être difficile. À chaque étape, symboliquement, c’est comme si je cochais une case : je l’ai fait ! » La monotonie des conditions et la violence de la mer rendent cette partie de la course éprouvante, physiquement et mentalement.
Le Cap Leeuwin : le deuxième point de passage obligatoire
Si le Cap de Bonne Espérance et le Cap Horn peuvent être aperçus par les skippers, jamais dans l’histoire du Vendée Globe un marin n’a navigué devant le Cap Leeuwin. Situé, à l’extrême ouest de l’Australie par 34° sud, Leeuwin est le deuxième point de passage obligatoire du Vendée Globe. Ce cap tire son nom d’un navire, le Leeuwin, qui a cartographié la région en 1602.
Le Pacifique, un passage plus éprouvant que prévu
Le Pacifique est un désert maritime qui s'étend de la Tasmanie au Cap Horn, sur une ligne droite de 4 700 milles. Confrontés aux conditions tempétueuses, aux dépressions et au froid intense, les marins naviguent avec pour repère la limite des glaces. Isabelle décrit le contraste saisissant de cette traversée : « Une fois dans le Pacifique, je suis contente car l’Indien est maintenant derrière moi. Il a été très difficile, ça tapait beaucoup. Normalement, le Pacifique c’est une longue houle qui porte. En 2020, je n’attendais que ça. Mais malheureusement, je n’ai pas eu que ça. Il y a eu des moments calmes avec le passage d’un anticyclone. En revanche, il fait vraiment très froid. C’est une période où le bateau a commencé à souffrir et où les avaries se sont accumulées ».
Le Cap Horn, une délivrance
Dernière terre du continent américain, ce caillou résonne comme une délivrance pour les marins du Vendée Globe. Le plus grand océan de la planète est désormais derrière et la remontée de l’Atlantique peut commencer. Pour Isabelle, c’est un moment de libération : « C’est un passage attendu. Il marque la sortie du Pacifique. C’est une véritable délivrance ». Cependant, même après avoir franchi ce cap mythique, les skippers doivent encore affronter une dernière phase difficile : la remontée de l’Atlantique.
La remontée vers Les Sables d’Olonne : un dernier défi de taille
La dernière partie du Vendée Globe, la remontée vers Les Sables d’Olonne, est loin d’être une simple formalité. Entre l’anticyclone de Sainte-Hélène, le Pot au Noir et les dépressions hivernales de l’Atlantique Nord, les marins doivent tenter de se placer idéalement. Pour Isabelle, cette phase fut marquée par une tempête intense : « En 2021, ça a été un désenchantement car j’ai connu ma plus grosse tempête dans la première partie de la remontée après le Cap Horn ». La fatigue s’accumule, mais l’arrivée tant attendue est enfin en vue.
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